L’enseignement et la formation du leadership religieux au Maroc : un outil d’une diplomatie religieuse (+audio)

Par Dahir chérifien, fut créé en 2015 l’Institut Mohammed VI de formation des imams, prédicateurs et prédicatrices dont l’objectif est d’offrir une orientation religieuse dans les domaines de l’imamat en renforçant l’appui de « l’islam marocain » sur la commanderie des croyants, le rite malékite, le dogme acharite et le soufisme sunnite. Cette importante mesure s’inscrit, d’une part, dans le cadre général de la volonté du Maroc de contrôler l’espace religieux qui est confronté aux influences diverses (wahabisme et chiisme), et d’autre part d’asseoir les fondements d’une « sécurité spirituelle » que le pays envisage de partager avec les autres pays africains à travers la promotion d’une diplomatie religieuse basée sur des fondements religieux communs.

Dans un premier temps, cette présentation interrogera le rôle de l’Institut Mohammed VI dans la construction d’une diplomatie religieuse en tant que corolaire des mesures prises pour la promotion d’un discours de tolérance face aux défis sécuritaires. Ensuite, elle examinera la corrélation entre la formation des imams au Maroc et la politique du Royaume en Afrique.

Intervantante 1Yousra Hamdaoui est doctorante en droit public et sciences politiques à la Faculté de droit de Settat (Maroc). Elle collabore à la chaire « culture, société et faits religieux » de l’UIR. Son sujet de thèse porte sur « la sécuritisation de la guerre contre le terrorisme au Sahel ». Elle a participé à de nombreuses études de recherche menées par l’Institut Timbuktu – Centre africain pour les études sur la paix (Dakar) au Sénégal, au Mali et au Niger en 2016. Elle est participante au programme ANR ILM « L’enseignement de l’islam au Maroc (XVIIIe-XXIesiècles) : islamologie et sciences sociales » (Centre Jacques Berque à Rabat).


Le Maroc recèle un ample éventail d’institutions pour l’enseignement religieux. Ainsi Dar El Hadith El Hassania a servi de fer de lance pour toute une génération de savants « Oulémas » marocains, mais également étrangers. Son réagencement en 2005 a introduit pour la première fois un programme incorporant les sciences humaines ainsi que les valeurs de respect des Droits de l’homme, ouvrant un champ de dialogue avec les autres religions monothéistes, en prévenant tout ce qui peut conduire conflits religieux. Quant à l’Université Al Quaraouyine, sa réorganisation structurelle en 2015 a mis en oeuvre un programme revisité. En outre, le programme d’encadrement des imams prédicateurs et prédicatrices, démarré en 2008, traduisait le désir du Maroc à diffuser un islam du « juste-milieu » à travers la reconstruction de son champ religieux. Aussi, la création de l’Institut Mohammed VI de formation des imams prédicateurs (morchidines) et prédicatrices (morchidates) en 2015 s’imprégna des relations diplomatiques marocaines. Cet établissement vise à exporter son savoir-faire en matière d’enseignement religieux vers des pays africains qui partagent la même centralité doctrinale et mystique du royaume, ainsi que vers des pays européens.

À partir de plusieurs enquêtes menées au sein de ces établissements, cette présentation tentera de définir le rôle des institutions d’enseignement religieux au Maroc dans le maintien de l’identité religieuse, ainsi que dans la diplomatie marocaine.

Intervenante 2Sara Abounouass est doctorante en première année à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Mohammed V Rabat. Elle travaille sur le thème de la diplomatie religieuse et les leaders religieux à travers une perspective socio-anthropologique mais également politique. Elle est également participante au programme ANR ILM « L’enseignement de l’islam au Maroc (XVIIIe-XXIesiècles) : islamologie et sciences sociales » (Centre Jacques Berque à Rabat).

Écouter les deux interventions :

DiscutantIdrissi Khalid Mayar, enseignant chercheur à l’université Hassan II.

Date : mercredi 27 février 2019, 16:00.
Lieu : Centre Jacques-Berque.