Derrière de trop nombreux vinyles musicaux s’immiscent des sonorités religieuses aux vibrations contradictoires. En arrière-fonds des choix et des goûts pour l’écoute musicale, des avis sous forme d’ouvrages juridiques, d’écrits en ligne, voire de voix de cheikh sur les sites de partage de vidéos paramètrent les usages artistiques. Le questionnement de la religion sur la musique n’est donc pas toujours un long fleuve tranquille et c’est là une interférence qui dure depuis le IXe siècle au moins. On retrouve ainsi, et dans des emballages toujours renouvelés, des interrogations d’ordres juridique ou moral à propos de la nature, des contextes et des contenus des musiques, autant que des propos explicitant leur validation ou réfutation religieuses. La pratique d’islam est ainsi déterminée par un mouvement pendulaire qui oscille entre le Halal (licéité) et le Haram (illicéité). Ce balancier de la norme et de la morale religieuse est caractéristique d’une focalisation des débats sur de la jurisprudence et du droit islamique dans le corps religieux. L’influence normative et morale dans le champ musical paraît donc encore significative, au point de laisser planer une réserve, voire de conditionner des choix musicaux et d’infléchir les options du quotidien, ainsi que les orientations de carrières pour certains artistes notamment. Le fait musical s’envisage donc aussi par et dans le paradoxe. C’est donc toute la charpente contemporaine de ces débats et positions religieuses fournies par les voix de l’islam et l’ambivalence des discours religieux des artistes et des pratiques musicales en expansion qu’il est question d’analyser en y privilégiant le terrain marocain.
Date : vendredi 20 avril 2018, 16:00.
Lieu : Centre Jacques-Berque.
Farid El Asri est Docteur en anthropologie de l’Université catholique de Louvain. Il est professeur-associé à Sciences-Po Rabat et chercheur au sein du Laboratoire d’Études politiques et des sciences humaines et sociales à l’UIR et professeur-invité à l’Université Saint-Louis-Bruxelles. Dir. scientifique de la formation continue en « Sciences religieuses et sociales : islam dans le monde contemporain » (UCL, USL-B et emridNetwork) et directeur et co-fondateur du « European Muslim Research on Islamic Development » (emridNetwork) à Bruxelles. Membre-associé au LAPSAD – Centre d’Études des religions – UGB, chercheur-associé au LAAP (UCL), MOVIDA et au projet ANR « L’enseignement de l’islam au Maroc (18e-21e siècles) : islamologie et sciences sociales » (CJB).