Mobilités africaines et formations religieuses au Maroc – Sophie Bava (IRD-LPED-AMU)

Le Maroc s’est récemment illustré en Afrique et vers l’Europe en tant qu’acteur clé dans la transmission de la connaissance religieuse dédiée aux métiers d’imam, de prédicateurs et de prédicatrices. Depuis 2015, « l’Institut Mohammed VI de Formation des Imams, Morchidines et Morchidates » propose en effet un cursus pour ​la formation des métiers du religieux à l’adresse ​des candidats locaux, régionaux et internationaux. L’institut ambitionne d’imbriquer, dans son format d’enseignement et de prise en charge intégrale des apprenants, une connaissance religieuse idoine “tout-terrain” en promouvant un savoir-faire exportable.

Parallèlement est né au Maroc en 2012 l’institut de théologie Al Mowafaqa initié par les églises officielles chrétiennes redynamisées par les migrations africaines au Maroc mais aussi dépassées et concurrencées par les leaders des églises de maison naissantes dans les quartiers de migration. Dans un paysage religieux changeant et dans l’esprit de reconstruire ensemble un christianisme plus « africain » au Maroc, les leaders religieux ont imaginés et organisés une formation des acteurs mêlant théologie protestante, catholique, islamologie, langues et SHS. Ces deux instituts se développent au même moment au Maroc, dans un contexte africain en mouvement, marqué par la montée des discours et pratiques de radicalisation, voire de violence au sein des religions contemporaines qu’il s’agira d’interroger pour comprendre leur place entre Afrique subsaharienne, Afrique méditerranéenne et Europe. À partir des étudiants africains, de leurs parcours, des lieux et des programmes nous aborderons les enjeux de ces formations religieuses entre mobilités africaines et constructions religieuses.

Sophie Bava est socio-anthropologue à l’IRD, AMU-LPED. Elle est coordinatrice du Laboratoire Mixte international Movida, co-rédactrice de la revue Afrique(s) en Mouvement et chargée de mission Afrique-Méditerranée au sein de l’institut SoMuM. Ses recherches portent sur les migrations africaines et les constructions religieuses musulmanes et chrétiennes entre l’Afrique méditerranéenne et subsaharienne.