Séminaire inter-laboratoires CéSor, CHERPA, IDEMEC, IREMAM
De la fabrique des autorités religieuses : qualifications, légitimations et ancrages des « clercs » de l’islam, du christianisme et du judaïsme en Méditerranée
Prochaine séance le Jeudi 15 mars 2018 « Réformes de l’enseignement » au CHERPA, Sciences Po Aix-en-Provence, Espace Philippe Séguin (EPS) 003, 10h00-12h30 autour de deux présentations.
–L’enseignement religieux dans le chiisme contemporain entre modèle « traditionnel » et réformes
Sabrina Mervin, CéSor
Dès les années 1920, des oulémas et des jeunes clercs appelèrent à la réforme de la hawza de Najaf, foyer de savoir du chiisme. Depuis, d’autres initiatives ont été lancées, provoquant d’autres débats dans les milieux cléricaux. La République islamique d’Iran, à partir de 1979, a de son côté modernisé l’enseignement et favorisé les passerelles avec l’université afin de former un clergé susceptible de s’intégrer dans les rouages de l’État. Néanmoins, le modèle mis en place au tournant des XIXe et XXe siècle, qui se pose comme « traditionnel » (taqlîdî), héritier de la madrasa médiévale, perdure à Najaf comme à Qom, à côté d’institutions d’enseignement de type réformé qui proposent des offres variées.
Aujourd’hui, les deux systèmes d’enseignement coexistent et se complètent, plus ou moins en lien avec le système universitaire : on verra comment.
Sabrina Mervin, historienne, est chargée de recherche (HDR) au CéSor/CNRS.
Elle a résidé en Syrie (IFEAD), puis au Liban (IFPO) pour effectuer ses recherches sur le chiisme contemporain et s’est particulièrement intéressée à la formation des clercs et à la question du réformisme.
Elle a co-dirigé l’IISMM (2008-2011), et dirigé le Centre Jacques Berque à Rabat (2015-2017) et coordonne actuellement un programme ANR, ILM, L’enseignement de l’islam au Maroc, XVIIIe-XXIe siècles (anrilm.cnrs.fr).
Parmi ses publications: Un réformisme chiite (Karthala 2000), Histoire de l’islam. Fondements et doctrines (Champs/Flammarion, 3e éd. 2016), Najaf, The Gate of Wisdom (avec Yasser Tabbaa, UNESCO Publishing 2014).
–Formes, réformes et formations théologiques contemporaines : enjeux d’une « autorité musulmane liquide »
Farid El Asri, Sciences-Po Rabat
Il sera question de pointer de façon privilégiée sur l’analyse qui s’impose, dans un contexte de crises du croire et des transformations des savoirs, à la réflexivité portant sur la notion d’autorité musulmane et du leadership religieux contemporain en questionnement. Une analyse des formes que prend cette autorité fragilisée et que l’on qualifie de « liquide » (Bauman, 2006) portera sur la traduction des références d’autorité dans le champ de la légitimation, des modèles-sources de connaissances théologiques en « compétition » à l’échelle individuelle et dans la globalisation, des canaux de transmissions dynamiques des savoirs supplantant au cœur les structures classiques et des supports miniaturisés et virtualisés du religieux contournant les voix classiques d’islams. Nous illustrerons aussi comment les renforcements des institutions s’appuient sur un vocable de réforme comme processus névralgique de reconquête de la légitimation de l’autorité. Enfin, il s’agira de partir de quelques exemples afin d’illustrer comment l’édifice théologique institutionnel diffuse les moyens pour repenser, reformer et former les voix de l’islam contemporain.
Farid El Asri est Docteur en anthropologie de l’Université catholique de Louvain. Il est professeur-associé à Sciences-Po Rabat et chercheur au sein du Laboratoire d’Etudes politiques et des sciences humaines et sociales à l’Université Internationale de Rabat et professeur-invité à l’Université Saint-Louis-Bruxelles. Titulaire de la Chaire : » Cultures, Sociétés et Faits religieux » (UIR). Directeur scientifique de la formation continue en « Sciences religieuses et sociales: islam dans le monde contemporain » (UCL, USL-B et emridNetwork) et directeur et co-fondateur du « European Muslim Research on Islamic Development » (emridNetwork) à Bruxelles. Membre-associé au Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs (LAPSAD – Centre d’Études des religions – UGB) et chercheur-associé au projet ANR « L’enseignement de l’islam au Maroc (18e-21e siècles): islamologie et sciences sociales » (CJB).
Responsables :
Katia Boissevain (IDEMEC), Marie-Laure Boursin (IDEMEC/CHERPA), Franck Frégosi (CHERPA), Sabrina Mervin (CéSor) et Norig Neveu (IREMAM)